À la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) : lettres inédites du général Montesquiou à Francis d'Ivernois
A LA RECHERCHE
LA FORTUNE DU DUC D'ORLÉANS (1793-1794)
Après avoir joué un rôle assez actif à l'Assemblée constituante, et après avoir dirigé, en 1792, les opérations de l’armée des Alpes, le marquis Anne-Pierre de Montesquiou-Fezensac avait été décrété d'accusation, le 9 novembre 1792, pour avoir trahi les intérêts de la France dans le traité conelu entre lui et la République de Genève, le 2 novembre. Il avait alors émigré, pour échapper au décret, et s’était installé à Bremgarten, dans le canton d’Argovie, à 15 kilomètres de Zurich.
Quelques mois plus tard, il avait reçu la visite du fils de PhilippeÉgalité, le duc de Chartres, qui, réfugié à Mons après la bataille de Nerwinde, en mars 1793, était arrivé ensuite à Bâle, et qui, après avoir traversé, avec sa sœur, Zurich et Zug, sans avoir pu y demeurer, était venu chercher un asile momentané auprès du marquis de Montesquiou. Le 20 juin 1793, le duc de Chartres avait quitté Bremgarten pour reprendre, à travers la Suisse, sa course errante. Enfin, au mois de septembre de la même année, il était revenu à Bremgarten, et avait pu, grâce à l'appui de Montesquiou, s'installer comme professeur dans le collège de J.-B. Tscharner, à Reïchenau, sous un nom d'emprunt.
Dans les premiers jours de novembre, la nouvelle de la mort tragique du duc d'Orléans était parvenue à Bremgarten et à Reichenau.
Le jeune prince devenait dès lors possesseur du titre et de la for-
1. D'après les notes du duc de Chartres lui-même, publiées dans la Revue rétrospective de Taschereau (année 1848, 22° livraison), il se faisait appeler à Reichenau M. Corby. D'autre part, on verra plus loin que le général Montesquiou le désigne à la même époque sous le nom de M. Chabos. Peut-être porta-t-il ces feux noms successivement.