Étude sur les idées politiques de Mirabeau

LES TDÉES POLITIQUES DE MIRABEAU. 7À

les lois criminellest. La pénalité disproportionnée qui traite sur le même pied les libertins et les scélérats lui semble odieuse?. Il réclame l'abolition de la torture? et de la peine de mortt. Ces usages viennent, selon lui, du droit romain. Il préfère au droit romain le droit germanique et récuse enfin celui-ci : à dire vrai, il ne connaissait ni l’un ni l’autre. C’est surtout contre la justice sommaire du gouvernement et contre les arrestations arbitraires et secrètes qu’il proteste. IL va jusqu'à dire : « Les attentats solennels qui réveillent le courage dont le despotisme a tout à craindre sont infiniment moins redoutables que les emprisonnements illégaux. » La raison d'État ne permet pas de suspendre la liberté des citoyens$. C’est au nom de cette raison d'État qu'ont été créées les lettres de cachet qui soustraient le coupabie à la justice’. À ceux qui lui objectent que, par cela même, elles sauvent l'honneur des familles : « Depuis quand, répond Mirabeau, la note d'infamie n’est-elle plus personnelles ? » Pour intéresser les grands à la suppression des lettres de cachet, il remarque que ce sont eux surtout qu’elles menacent”° : elles sont en effet une punition aristocratique. Mirabeau poussa l’Assemblée à les abolir et proposa en même temps une indemnité pour ceux qui avaient été détenus sans être coupables ou même accusési, Il n’attaqua pas avec moins de vigueur les prévôtés militaires, tribunaux où le pouvoir ministériel intervenait le plus directement.

Fidèle aux principes, il prenait à tâche d’écarter du pouvoir judiciaire, non seulement le roi, mais encore l’Assemblée. En thèse générale, il revendiquait pour la justice une indépendance absolue. Ayant fait table rase de tous les éléments étrangers qui

. Lelires de cachet, v. II, p. 128. . Ibid, v. I, p. 258-261. . Ibid, v. I, p. 327. . Tbid., x. I, p. 99. . Ibid, v. I, p. 90-91. . Ibid., v. I, p. 208. . Leitres de cachet, v. I, p. 335. . Ibid, v. I, p. 349. . Ibid., v. I, p. 249 et 33. 10. Courrier de Provence, v. VI, p. 28; v. VII, p. 32-34. Malouet, Memoires, ve II, p. 13. 11. Moniteur. Discours contre le prévôt Bournissae, du 5 et du 21 novembre, du 8 décembre 1789, du 26 et du 30 janvier 1790. Courrier de Provence, n° 62, p. 16 et 19;n° 71, p. 6 et 9; n° 76, p. 185 v. IL, p. 521.

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