Étude sur les idées politiques de Mirabeau
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civils et politiques. Les assemblées administratives et législatives du royaume leur sont donc ouvertes’. Dans l'espérance d’attacher les ecclésiastiques à la Constitution, Mirabeau voulait abolir leur célibat?. Reybaz lui prépara sur ce sujet un discours qu'il ne prononça pas et dont la science dogmatique aurait produit un singulier effet dans sa bouches.
Par ses projets, Mirabeau ne provoque rien moins que le renversement de la religion romaine‘. Il propose en effet que les curés et les évêques soient nommés par le peuple. Pour leur institution, les évêques ne doivent recourir ni au métropolitain, dont le seul privilège consiste à occuper une ville plus grandef, ni au pape, qui ne jouit plus que d’une primauté extérieure”. L'État est souverain pour délimiter les diocèses, pour les supprimer au besoinS. Mirabeau désirait en effet que les évêques ne fussent plus attachés à des diocèses permanents®. En tout cas ils devaient être assistés d’un conseil pour l’administration de leurs évêchés. Les séminaires devaient être supprimés et les couvents graduellement abolist,
Ces réformes, connues sous le nom de constitution civile du clergé, ne pouvaient être admises par ce corps. De là des mesures de rigueur contre ceux qui protestaient. Mirabeau ne fut pas un des moins ardents à les punir. Il réclama contre les récalcitrants soit la privation du traitement, soit la déchéance, soit des peines plus graves encore. Enfin il exigea d’eux le serment civique, qui allait diviser la France en deux camps irréconciliables't. Il chercha ensuite à calmer les inquiétudes que cet état provoquait. Il s’efforça d'expliquer le serment constitutionnel. « L'Assemblée, dit-il, n'entend, par ses décrets, qu’assurer l'exécution des lois et laisse
1. Archives parlementaires, p. 540. Courrier de Provence, v. VI, p. 14.
2. Ibid., n° 53; v. IX, p. 14. Corr. Mirabeau-La Marck, v. Il, p. 453.
3. Plan, Un collaborateur de Mirabeau, p.29, 121 à 146. Montigny, Mémoires de Mirabeau, v. VII, p. 184. . Taine, {a Révolution, v. 1, p. 235. . Courrier de Provence, Y. VIII, p. 475; v. XII, p. 378-385. . Courrier de Provence, v. VIIL p. 516; v. XIE, p. 378.
7. Ibid., v. IX, p. 445; v. XI, p.430 à 433; v. XII, p. 375.
8. Ibid., v. XII, p. 259, 371 et 374.
9. Zbid., v. XIL p. 376 et 378.
10. Zbid., v. VI, p. 303, 305, 319, 320; v. VI, p. 451; v. IX, p. 464; v. XII, p. 378.
11. H. Martin, Histoire de la Révolution, v. I, p. 158. Courrier de Provence, v. XI, p. 437, 444, 445, 447, 451,
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