Études historiques et figures alsaciennes

AVANT ET APRÈS IÉNA 19

autrichien comte de Cobentsel 1. Il dit au début : « L'homme audacieux qui, en prétendant sauver la France d’une anarchie nécessairement passagère, l’a condamnée à des siècles peut-être de crises et de malheurs, et qui, en paraissant donner la paix à l’Europe, l’a seulement réduite à la cruelle alternative d'une soumission aveugle ou de guerres toujours renaissantes, cet homme, qui n’est grand que par la petitesse de ceux qu'il a subjugués, et qui n’est devenu redoutable que par les lâches terreurs de ses contemporains, a enfin déchiré le dernier voile qui couvrait encore son ambition gigantesque ; il a étendu la main vers le diadème... » Reconnaître Napoléon comme empereur, c'était, selon Gentz, sanctionner la Révolution dont il était sorti, et, par contrecoup, ébranler tous les vieux trônes fondés sur le respect du droit divin.

Cependant il fallait bien traiter avec le vainqueur : c'était la façon la plus claire de le

1. Mémoires et Lettres du Chevalier de Gentz, publiés par G. ScuLesier; Stuttgart, 4844.