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rhythmisiertem Naturklang von Grillengezirp und Vogelsang, Dark ist ein düsteres Gedicht, aber nicht finsteres Mittelalter. Es führt einander widerstreitende Bilder und Symbole vor und wird dadurch zur Parabel dafür, wie geistige Auseinandersetzungen blutig in physische Gewalt Umschlagen. Rauch umnebelt schließlich den blutroten Himmel; der Engel geht nach geschlagener letzter Schlacht mit dem Priester ab. Es bleibt ein Kreuz aus Licht zynische Mahnung an jene Kriege, die noch immer in seinem Namen geschlagen werden. Man war im Pariser Théâtre de la Ville Zeuge eines aus Bildern und Klang entfachten, rasenden Infernos, das trotz seiner bewußten Entrücktheit klare Konturen behielt, denn was Carolyn Carlson als Tänzerin charakterisiert, das übertrug sie auf ihr Mysterienspiel: Konzentration, Sinnlichkeit und innere Spannung, die den Zuschauer in Atem hält, ohne die Gedanken auszuschalten.DEvaElisabeth Fischer, Süddeutsche Zeitung, 4 mai, 1988.

Dark Création mondiale de Carolyn Carlson. Musique originale de Joachim Kühn interprétée au piano par Joachim Kühn et à la console numérique par Walter Quintus. Scénographie: Frédéric-Pierre Robert. Lumières: Patrice Besombes. Costumes: Maritza Gligo. Assistante à la mise en scène: Colette Malye. Production Théâtre de la Ville-Paris. Coproduction région Ile-de-France. Théâtre de la Ville, jeudi 28 avril à 20 h 45. Une manière de chef-d’oeuvre. Après l’éclatant et indiscutable succès de Shamrock créé l’an dernier, avec le Het National Ballet à Amsterdam, Carolyn Carlson récidive. D’une force bouleversante, d’une originalité absolue, Dark s’impose de manière impérieuse. Une sorte de

chef-d’oeuvre, par la nature du propos, la façon dont il est traité, la musique le soutenant, les images qui jaillissent devant nos yeux, l’interprétation passionnée des dix danseurs et de Carlson elle-même, une scénographie sulfureuse, une esthétique entièrement renouvelée. Dans une obscurité où rutile parfois l’or de la luxure et des marchands du Temple, où surgit aussi la verte nature, mais qui reste le lieu de tous les affrontements intérieurs, Carlson, par le truchement du corps de ses danseurs, s’interroge sur la capacité de l’âme à parcourir les chemins du mysticisme. Chemins épineux, contradictoires, dangereux, incertains, où l’on se perd autant que l’on se trouve, où le bien et le mal viennent rarement à visage découvert. Sur cette lande désertique, dans des faisceaux de lumière éclairant comme à regret, va se jouer le surnaturel combat des anges et des hommes, de la volonté creâtrice face aux forces de destruction, de la pureté travaillée par l’angoisse, de l’âme attirée et rebutée par le tonnerre de la révélation. Comme tout grand chorégraphe, Ca-

rolyn Carlson sait inventer les pas, les gestes, les figures, les enchaînements, suggérer à ses interprètes les improvisations qui structurent pendant une heure quarante le développement de son spectacle. Tout y est cohérent, maîtrisé, personnel, avec de provocantes alternances de tempi lents et rapides, de vastes plages de sérénité et des débordements aux limites de l’hystérie. Le noir s’oppose au blanc, la sombre chevelure des uns à la blondeur des autres - il y a presque une chorégraphie des chevelures - les symboles aux actions purement instinctives et physiques. Il n’y a pas un instant de fléchissement car les interprètes gardent une concentration exemplaire de bout en bout, sans jamais relâcher la tension, jusqu’à cette ultime image d’une fascinante beauté où, sorte d’archange nu, le danseur brandit un glaive qui pourrait être celui de l’ange exterminateur, en frappe le sol et libère des abysses un tourbillon de fumée, signe de la fin des temps aussi bien que de la naissance du monde. La musique de Joachim Kühn, qu’il interprète lui-même au piano, jouant de son corps et de sa chevelure pres-