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SODEBINI
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Ou en revant au neant des grandeurs humaines II voyait son espoir se reduire en chimere, II regardait passer et barques' et galeres, Mais aucune ne ramenait son gonfalon perdu. Moi aussi, ecoeure des vanites mondaines, Souvent dans ces ruines je me suis retire, Plein de ce degout du monde, qui mene Au desir de la mort le poete irrite. Je vois crouler peuples et trones et noblesses, Triomphante la cupidite, la paresse Et dechoir, de nos jours, meme lapoesie! Souvent devant mon ame passa une multitude Dont chacun, pour sa part, aspirait au laurier: Petits poetes d' amour, de fieurs, de solitude Rimeurs par vanite, sans vocation innee; Ils pinceaient de leur lyre les cordes debiles, Etaient riches de mots et de phrases subtiles, Mais en vraie grandeur ils n' etaient pas feconds. Vous bardes et trouveres, dont la harpe sonore Chanta la beaute et les actes des heros, Revenez et faites encore une fois eclore Les fleurs d' amour et resonner 1' echo Des triomphes, dont la gloire des longtemps fut eteinte Sans vos oeuvres pieuses, hero'iques et saintes, Vous, Griorgi, Pozza, Ragnina et Gundulid. Je les apelle en vain, jamais ils ne reviennent Ces grands, qui firent grand leur pays, Je veux joindre au plus vite les lieux qui les retiennent, Car dans ce monde-ci j' ai souffert trop d' ennui, O Raguse, Dubrovnik, comme aujourd' hui on te nomme C' est ton ami, ton poete, qui te prie qui te somme, Donne-moi une tombe sous tes cypresl Donne-moi une tombe, Raguse 1 car c' est en vain que j' innonde De 1' ardeur du poete le coeur des humains Comme en vain le soleil veut rechaufl'er des mondes