Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

VI PRÉFACE

de mème avec celles qui traversent ses États. Alors elle écrit à ses correspondants d'Allemagne des missives soitdisant confidentielles, dont elle se doute bien que Frédérie Guillaume Il aura l’étrenne. Et voiei ee qu’il pourra y lire : « Qu'ilentre donc en France! ïl peut, sil le veut ». Ou encore : « Ce n’est pas Dumouriez, Custine et Montesquiou qui se laissent arrèter dans leurs succès par la pluie et la boue ». Et c’est bien aussi dans l'espérance que le prince de Ligne ne gardera pas la missive dans sa poche qu’elle lui écrit: « Ce qui n’étonne, c'est que les pluies, les boues, les disettes de vivres n'empêchent point que Custine, Dumouriez, Montesquiou et séquelle n’aillent en avant. D'où vient qu’il pleut pour les uns, tandis qu’il ne pleut pas pour les autres ? Pourquoi ne s'embourbe-t-on pas des deux côtés ? L’herbe et les graines croissent-ils sous les pas des rebelles, tandis que ceux qui les combattent meurent de faim ? »

Qu’on fasse bien attention, quand elle écrit, à qui elle écrit. Tout ce qu’elle envoie à Grimm, ses sorties contre la Révolution, ses menaces d'en finir avec elle moyennant quelques milliers de cosaques, tout cela c'est pour la galerie. De même quand elle daigne répondre aux missives dont l'assomme Sénac de Meilhan, c’est qu’elle pense que cet enragé quémandeur peut du moins servir à quelque chose, à répandre autour de lui la bonne parole : « Pour sauver la France, lui déclarat-elle, il n’y a qu'une seule chose à faire : c’est de réta. blir l'autorité du roi ; et pour cela il n’y a qu’une seule ie voie : celle des armes.Cent mille hommes et la loi mar-