Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

VU PRÉFACE

place qu'y tiennent les préocupations relatives à la Révolution. De 1789 à 1796, dans ces lettres au jour le jour, nous voyons la tsarine occupée de quoi ? De la guerre avec la Turquie, de la guerre avec la Suède, de la guerre avec la Pologne. Il faut là des vaisseaux, ici de l'argent, ailleurs des renforts, des chefs habiles, des canons. La correspondance francaise, c'est comme le boniment ; la correspondance russe, c’est le travail sérieux, Dans ces lettres, brèves, pressantes, impérieuses, Catherine IL est toute activité, tout lucidité, en même temps que toute passion ; carle danger, tantôt d'un côté, tantôt de l’autre, est immense : Pétersbourg, un moment, à été à la merci du roi de Suède ; un moment Potemkine, le généralisme de l’armée du Sud,a désespéré de vaincre les Tures,et après la destruction de sa flotte par une tempête, a proposé d’évacuer la Crimée ; et comment, avec ces deux guerres sur les bras, venir à bout de cette Pologne qui chaque jour reprend des forces, s’est donné la salutaire constitution du 3 mai 1791, ferme l'oreille aux objurgations et aux menaces de l’ambassadeur russe, se crée une diplomatie etune armée ? Il ne suffit plus de dénoncer à l’Europe les Polonais comme des «jacobins»; car toute l’'Europe sait qu'ils font exactement le contraire des jacobins, cherchant le relèvement de la patrie par le relèvement de la royauté. Lorsque Catherine, dans ses lettres au prince de Ligne,affecte de tourner en ridicule ces gens qui, « pour mettre le comble à liberté, veulent se soumettre au despotisme militaire », elle est la première à ne pas croire un mot de ce qu’elle dit, Ce n°es