Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

IV PRÉFACE

une comédie intitulée : Ze Chevalier de Malencontre ; elle rappelle au comte d'Artois les exemples héroïques de son aïeul Henri IV, et, solennellement, lui met en main une épée dont la lame porte cette devise : « Avec Dieu pour le roi. » Elle veut envoyer lout ce monde se battre contre la France ; mais pendant que les croisés sont à la croisade, elle travaille à se garnir les mains en Pologne ct en Turquie. Pour elle, Varsovie et Constantinople sont les plus dangereux repaires de « jacobins », et c’est là seulement que le châtiment des jacobins promet d’être lucratif.

Des paroles injurieuses contre la France révolutionnaire, tant qu'on voudra ; des plans pour la réduire, elle en a en profusion, et l’un des plus curieux est assurément celui dont M. de Larivière va donner la primeur au publie de France (1); de mauvais procédés pour l’humilier et l’exaspérer, elle en est plus libérale que personnne : d'autant plus que l’éloignement la met à l'abri de toutes représailles. Elle congédie avec éclat M. Genet dès la journée du 20 juin 1792 ; elle accentue la rupture quand la République est proclamée et le régicide consommé ; elle a déjà rappelé les Russes qui voyagent en France; elle contraint les Français qui résident en Russie à prêter le serment le plus injurieux pour leur pays et le plus dangereux pour eux-mêmes: elle interdit l'entrée de ses ports à tout navire portant le pavillon tricolore ; elle déclare nul le traité de commerce signé en 1787 et prohibe l'importation des

(4) Voir à la fin de ce volume (Appendice).