Cayer commun des trois ordres du Bailliage de ***
(136). imaginé , pour derniere reflource, de vendre l'honneur.
Et comment, SiRE , les premiers auteurs
de cette malheureufe interverfion de tous principes, n’ont-ils pas fenti le tort qu’ils faifoient à la Majefté royale elle-même ? Ils ont atténué & terni la plus belle récompenfe que vous ayez à diftribuer. Celui que Votre MAJESTÉ a daigné, pour fes fervices , élever à la clafe la plus diflinguée de la nation, jouit bien moins de cette haute décoration, quand il fait qu’elle a un prix pécuniaire, & quand il la voit partagée par des hommes qui n’ont d’autres titres que leur fortune. £a plus brillante des diftinétions cefle d’être un objet d’émulation dès qu’elle devient foumife à un tarif, & que la richeffe acquiert le droit d'y afpirer.
Que VoTre Magyssré daigre confidérer gncore l'effet de ce malheureux trafic de la nobleffe ; il enleve au tiers-étae fes membres les plus diftingués, les détache de leurs utiles ho. les arrache au commerce, aux manufactures , aux arts, dans le tems où l’accroiflement de leur fortune & les lumières de leur expérience, ourroient multiplier leurs entreprifes, Gore leurs relations, & augmenter avec leur propre richefle celle de la nation.
Votre noblefle, Sirr, s’honorera toujours de s’accroître & de fe régénérer par des citoyens femblebles à ceux qui les premiers obtinrent cette décoration, par des hommes que leurs vertus, leurs talens, leurs fervices dans l’ordie militaire ou civil, rendent digne;