Cayer commun des trois ordres du Bailliage de ***
( 65 ) fi elle n’avoit pas le pouvoir de connoître & d'aflurer l'exécution ce toutes fes volontés, Une des principales fonétions de chaque aflemblée nationale fera donc de difcuter & de juger tous les comptes des finances.
Il eft encore un tribunal élevé au deflus de tous les autres, fupérieur même à celui des Etats-généraux, plus éclairé, plus incorruptible qu'eux; c’eft l'opinion publique, par laquelle les Etats-généraux eux mêmes doivent s'attendre à être jugés. C'eft fur-tout à ce juge fuprèéme que doivent être préfentés les comptes de l’adminiftration. Il eft facile d’induire en erreur le monarque le plus vertueux, le plus attentif ; il n’eft pas même impoflible d’égarer le jugement des aflemblées les plus nombreufes & les plus éclairées : mais où pourroit fe cacher un fecret devant les yeux perçans de la multitude entière? L’ordonnateur ne peut agir feul & fans être obfervé, Il n’y a pas un article de la recette, pas un objet de la dépenfe qui n'ait des témoins, pas un abus qui n'ait fs complices. La feule crainte de la publicité écartera jufqu’à l’idée de la prévarication, excitera l’attention , maintiendra l’exaétitude , foutiendra la foibleffe; aucun adminiftrateur n’efpérera échapper aux regards publics ; aucun n'ofera les braver. Ce que nous demandons à VOTRE MaAgJEsTé, c’eft qu'Elle veuille bien maintenir ce que fa fagefle a déjà prefcrit, & faire enforte que, chaque année, ron-feulement le compte général de fes finances, mais les comptes particuliers de chaque département, foient rendus publics par la-voie de l'imprefion,