Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

CHARLES DE BUTRÉ

En décembre 1879 mourut à Strasbourg un vieux célibataire de plus de quatre-vinets ans, l’un des types les plus originaux, à coup sûr, de sa ville natale. Architecte de nom, il n’avait jamais remué de moellons ni dressé le plan d’aucun édifice et l'unique distraction de ce solitaire avait été, pendant plus d’un demi-siècle, de cultiver ses fleurs et de thésauriser ses écus. Ce bizarre vieillard, que personne ne voyait plus sortir de chez lui depuis le bombardement de 1870, dont la porte s’entrebâillait avec peine et dont les volets restaient toujours fermés, aimait Cependant ou croyait du moins aimer les livres. De fait, il n’en lisait guère; lorsqu’après sa mort les affectueuses relations de famille qui m'unissent à son exécuteur testamentaire et légataire universel, me permirent de pénétrer dans la bâtisse délabrée de la rue des Bestiaux qu'habitait le vieux Fritz, un des étonnements d’une première exploration, nécessairement succincte, fut de trouver dans certaines pièces de gros tas de livres brochés et parfaitement intacts, qui jonchaiïent le plancher au milieu d’ustensiles de ménage, de vieux habits et d'instruments agricoles. M. Schoop m'autorisa généreusement à puiser dans ces amoncellements indicibles,

À