Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

LES PRÉCÉDENTS DU DÉCRET DU 15 MAI 219

avait si vigoureusement agi, le 8 août, contre Saint-Marc, se remit en campagne sous les ordres de de Combefort. Elle eut facilement raison de la petite troupe d'Ogé, et celui-ci dut se réfugier avec son frère, Chavanne, et 13 autres, sur le territoire espagnol. De Blanchelande, qui venait d'arriver à Saint-Domingue (le 5 novembre), réclama les fugitifs ! etles obtint du gouverneur Francisco Nunez. Ils furent jugés et condamnés à périr sur la roue par le Conseil supérieur du Cap.

Leur martyre ne fit qu'exciter l'ardeur de leurs frères. Sans le débordement des rivières, une insurrection eût éclaté en février 1791, et 11.000 mulâtres et nègres se seraient jetés sur le Cap?. En attendant, le mouvement persista dans les paroisses des Verrettes, de l’Artibonite, de la Petite-Rivière. Le colonel Mauduit fut envoyé avec le régiment de Port-au-Prince pour les soumettre. IL parlementa avec eux à leur camp des Verrettes et fut assez heureux pour obtenir leur dispersion volontaire, le 12 novembre. D'autres rassemblements se faisaient dans le Sud, autour des Cayes, de Saint-Louis, de Jérémie; Mauduit les apaisa par les mèmes moyens de douceur. Mais ces succès

1. En vertu de l'article 6 du traité d’Aranjuez, du 3 juin 1771.

2. Rapport de Tarbé à la Législative, 10 décembre 1891; Arch. parlem., XXXV, 100 ; —cf. la brochure de Gatereau, mai 1796, Philadelphie (dans la coll. Moreau de Saint-Méry, CLI), sous le titre: Réponse aux Libellés contre les Gens de couleur de SaintDomingue : Ogé et Chavanne périrent sur l'échafaud, 21 de leurs compagnons furent pendus, 15 marqués et envoyés aux galères; ils auraient été livrés par Joachim Garcia, président de la partie espagnole.