Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

228 L'ÉTAT DES PERSONNES

vœu préalable, libre et spontané des colonies ; que les Assemblées coloniales actuellement existantes subsisteront, mais que les gens de couleur, nés de père et mère libres, seront admis dans toutes les assemblées paroissiales et coloniales futures, s'ils ont d'ailleurs les conditions requises. » Que se passa-t-il dans l'esprit des Constiluants ? Avaient-ils hâte d'en finir après une aussi longue discussion ? La formule proposée les satisfit-elle mieux que celle de Barère, repoussée la veille et identique au fond? La droite avait-elle fait une de ces fugues, dont elle était coutumière ? Toujours est-il que, malgré les votes précédents, malgré les objurgations et les menaces de Barnave, Malouet, Gouy d’Arsy, Begouen, etc., le texte du Comité fut repoussé et l'amendement Reubell voté, à main levée, à une si forte majorité qu'il n'y eut pas besoin de contre-épreuve.

Ce résultat fut accueilli, dit le compte rendu, par des applaudissements prolongés à gauche et dans les tribunes. La victoire était pourtant médiocre, et Robespierre, entre autres, l'avait trouvée insuffisante. Mais elle était si inattendue et en même temps si désirée, qu'elle suffit à exciter l’enthousiasme. Elle excita aussi les colères. Dès le lendemain, les députés des iles d'Amérique déclarèrent, par letlres, « qu'ils s’abstiendraient désormais d'assister aux séances de l’Assemblée ! ».

1. Les originaux de ces lettres sont aux Archives nationales (G. 10,. — En voici le texte, d'après les Archives parlementaires (XXVI, 122):

1° Saint-Domingue. — « Nous allons adresser à nos commet-