Colonies pendant la Révolution : la constituante et la réforme coloniale

28% L'ŒUVRE COLONIALE DE LA CONSTITUANTE

nue avant les troubles, et ne déclare-t-il pas que « sa volonté bien expresse est de ne vendre à aucun prix les denrées dont il est le propriétaire ! ». Combien ont agi et pensé de même, sans le dire ? Il est bien vrai qu’une sorte de panique de la famine à sévi à Paris à ce moment et que la motion à été faite aux Jacobins, par Manuel et Louvet?, de se priver patriotiquement de sucre. Il est vrai que le sucre a doublé de prix et s’est élevé à 42 sous la livre, quand le cours normal élait de 22 à 26 sous. Mais il est plus cher encore à Bordeaux, où l’étranger l’achète un écu ?. Comme c'est la France qui fixe le cours, ne suit-il pas de ces faits que la hausse est un jeu de spéculation et que l’Europe en pâlit plus encore que la France ?

Mais cette hausse ne dura pas longtemps, et nous en avons pour preuve le carnet même d’un des spéculateurs. De Septeuil, l'homme d'affaires du roi, avait été chargé par lui, dès le 7 janvier 1791, de placer ses fonds libres. En 1792, voulant profiter des événements de Saint-Domingue, il se livra à un vaste agiotage sur les sucres et cafés. Averti en janvier de ne pas acheter, parce que les prix ont presque doublé, il sait en avril et mai que les cours ont déjà assez baissé pour laisser une grande marge à la revente. Il fait donc à deux maisons de Nantes et du Havre une commande considérable : il achète pour 595.000 livres de café et pour 234.000 livres de sucre de Saint-Domingue, et il les . Buchez et Roux, Hist. parlem. de la Révolution, XII, 104.

. Ibid., Hist. parlem. de la Révolution, XIIL, 171. . Disc. de Ducos, séance du 24 janvier 1792 (Moniteur, 1199 n°25)

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