Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

288 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

reuse, nous aurions écarté ce danger en ne nous faisant remplacer que dans l'hiver.

I1 est incroyable avec quelle activité, au son du tocsin, dans les villages, près de Varennes, les paysans sont accourus armés de tout ce qu'ils trouvaient, amenant leurs charrettes, des arbres et tout ce qu'ils jugeaient propre pour former des barricades|{1). (Papiers R.. Lindet.)

CLXXIIL. — Au même. Sans date. (27 juin 1791.)

MM. Tronchet, Duport et d'André se transportèrent hier aux Tuileries pour recevoir la déclaration du roi, qui, en bon plaideur, observa que ce n'était pas un interrogatoire qu'il prêtait. Il déclara que l’insulte du mois d’avril — (lorsque les Parisiens s’opposèrent à sa fuite) et les injures répandues impunément contre lui et sa famille depuis cette occasion, l’ont déterminé à quitter la capitale; qu’on lui avait présenté les décrets en détail à sanctionner, et qu’il fallait les voir en masse; qu'il avait craint de n’avoir pas l'air d’être libre dans Paris — (à présent il peut dire qu’il n’a pas l'air d’être libre dans le royaume); — qu'il croyait qu’il n’y avait que les Parisiens qui voulussent la Constitution et qu’elle était l'ouvrage

(1) Buschey des Noës écrivait aussi, le vendredi 24 juin 1791 (midi), à la Société des Amis de la Constitution de Bernay pour donner quelques renseignements complémentaires. « Votre digne évêque, dit-il, vous a tout envoyé, mais on n’a jamais trop de bonnes choses. » Il annonçait qu'une foule de 30 à 40,000 hommes, toujours renouvelée, entourait la voiture du roi et formait un rempart ambulant pour empêcher l'approche des cavaliers qui voudraient tenter de l'enlever. (Arch. Bernay.)

Le 26, Buschey adressait une nouvelle lettre à la même Société : « Les quatre compagnies de gardes du corps ont été licenciées. Il n'y a pas eu une seule goutte de sang répandu. Le roi devrait voir quelle est la prudence et le courage de ses prétendus amis : il n’est bientôt plus que des amis de la nation et de la Constitution. La séance commencée lundi continue encore jour et nuit; elle ne se suspend que par des intervalles de quelques heures. » (Arch. Bernay.) Commencée le 21 juin à 1 heure et demie, la séance permanente fut levée le 26 juin, à 3 heures de l’aprèsmidi, Voir le Procès-verbal.