Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

LÉGISLATIVE (4 AOUT 1792) 361

masse de dettes se sera élevée, on lui fera préférer la banqueroute qu'il ne sentira pas, au payement qu’il faudrait qu'il fit. On l’accoutume à ne pas payer de contributions. Il faudra congédier l'Assemblée le jour qu’on ne voudra plus acquitter la dette publique. Alors le monarque redevient le maître absolu d'un pays où il fera payer tout le monde, où tout le monde payera peu, et où il sera riche, parce que tout le monde payera. La cour se trouvera débarrassée du clergé, des cours de magistrature, et ne reconnaîtra de noblesse que celle attachée à son service.

Cette contre-révolution n’est pas une chose incroyable. Si l’Assemblée laisse impunis tous les crimes de lèsenation, si la majorité de ses membres vise à ce but, auquel tendent la Haute-Cour, les tribunaux, les administrations pour la plupart, si on heurte toutes les idées du peuple, si on le laisse dans l'incertitude de ce qu’il doit faire et désirer, tel doit être le résultat de l'anarchie et le moyen de la finir.

Le clergé militaire ne se plaira pas à lui-même; il sera exposé au ridicule; nous allons avoir une grande défection. Les plus zélés pour les armes ne sont pas les plus propres pour le métier de prêtres. Ce décret nous mènera loin, nous autres gens d'église.

CCXXVIII. — Au même. 4 août 1792.

L’Assemblée nationale a rendu un décret très politique contre ses plus dangereux ennemis ; quand sera-t-il fini? quand sera-t-il publié, sanctionné, exécuté? quand les corps administratifs auront-ils des séances publiques?

à se faire remplacer à prix d’argent, entre autres les instituteurs primaires et les ecclésiastiques. Cambon s'opposa à ce que ce privilège fût étendu aux ecclésiastiques. L'Assemblée, par un premier vote, lui donna tort et adopta le projet du Comité. Puis, sur la demande de Guadet et de Ducos, elle revint sur ce vote et décida que les prêtres seraient soumis au service personnel. Voir le Journal logographique, t, XXV, p. 412 à 417.