Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
LÉGISLATIVE (18 AOUT 1702) 307:
Votre loi qui autorise les généraux à mettre la moitié des grenadiers en réquisition est injuste : le citoyen qui devrait courir la chance de r contre 10, court celle de 1 contre 1...
… Il seraît bien important de nous défaire de M. de Grimoard. Cet homme, arrivant de Rouen au moment où des Suisses doivent se rendre à Évreux, au moment où le général La Fayette faisait une réquisition datée du 5 août, devait, ce semble, être dans le secret du voyage de Rouen, destiné à commander la force publique contre la nation : il aurait entraîné toute la garde nationale malgré elle. Il a vu comment on traînait le peuple par l'essai du district de Verneuil. Les ordres des corps administratifs ne lui auraient pas manqué.
Le serment des corps administratifs et celui du commandant ne peuvent rassurer. L'esprit qui domine à Rouen se communique à Évreux. On travaille la garde nationale. M. Grimoard se dit l'ami de M. Servan. M. Servan est donc l'ami d’un traître : qu’il nous en défasse, ou nous sommes dans le plus grand danger.
L'aristocratie, ou plutôt le royalisme, lève la tête dans cette ville, et promet de s’y montrer aux prochaines assemblées.
CCXXXIV. — Au même. Evreux, le 18 août 1792.
Mon frère, les nouvelles des armées sont longtemps à nous parvenir. On m’assure que La Fayette va disposer la sienne à bien recevoir les décrets. Je le crois; il s’arrangera du parti dominant, et se fera passer, s’il le faut, pour excellent patriote : il trouvera bien des dupes et des fripons qui espéreront encore en lui.
Marie-Antoinette pourra monter à la tour pour voir si elle le voit venir.
Malheur aux nouveaux constituants, s'ils ne s’ac-