Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)
LÉGISLATIVE (28 AOUT 17092) 373
CCXXXIX., — Au même. Évreux, le 28 août 1702.
Longwy pris n’est pas un désastre (1), mais comment compter sur des places dont le commandement est confié aux amis de La Fayette? Maïs pourquoi Dillon suspendu est-il encore à la tête de son armée? Pourquoi Luckner n'est-il pas remplacé? pourquoi se trouve-t-il à la frontière la plus exposée? Comment son armée a-t-elle fondu? Où sont nos hommes? sont-ils tous émigrés? sont-ils au bout du monde? Est-on sûr de Verdun, de Montmédy, de Thionville? Quels hommes commandent 1à? Le patriotisme de Strasbourg est bien équivoque. Que n’oseraient pas des chefs perfides, appuyés d'une portion du peuple en présence de l’ennemi?
Paris ne doit pas être dégarni. On fait vider les arsenaux, mais après un échec, il faudrait trouver des magasins d'armes; en forme-t-on? La gendarmerie formera une cavalerie équivoque.
[Suit la liste des électeurs d’Évreux. Il revient sur la situation militaire.] .
Les volontaires passent en foule, mais sans armes, sans habits, sans bagage ; où trouveront-ils des magasins?
Paris va se dégarnir. C’est impolitique. Les Bourbons d’outre-Rhin ne craindront pas pour ceux du Temple: leur manifeste va couvrir le royaume, s’il n’est pas intercepté. L’aristocratie a été humiliée et non découragée par l'événement du 10; elle conserve des espérances et sa rage augmente.
11 y a des correspondances, et les aristocrates sont informés des plans, du moins en général. Nos frontières sont exposées par la trahison des chefs. Quelques-uns
(1) Longwy avait été pris le 23 août. Moniteur! XIII, $4r. Sur les débats provoqués par cet événement, voir Moniteur, XIII, $41, 549, $62, 566, 569.