Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

INTRODUCTION. XV

paix. Quant à l'Angleterre, prête à tous les sacrifices, si Anvers et Amsterdam Claient menacés, — ce seul cas excepté, — elle ne voulait pas la guerre. À voir comment la première coalition se désagrégea après deux années d'efforts mal concertés, on peut croire qu’elle pouvait être évitée ou circonscrite à l’origine. Mais la diplomatie de la France, si habilement orientée par Mirabeau, qui allait rencontrer dans Talleyrand l'interprète qu'il aurait choisi lui-même, fut désarmée et déjouce par les événements imprévus : par la mort de Léopold, que le romanesque Biron considère, bien à tort, comme sans effet sur la politique européenne, et plus encore par la crise intérieure qui éclata sous le ministère girondin, et aboutit, après les journées du 20 juin, du 10 août et du 21 janvier, à la coalition momentanée de l'Autriche et de la Prusse et à lirrévocable hostilité de Angleterre.

En suggérant la mission de Prusse, en se chargeant de celle de Londres, Talleyrand n’était que l'exécuteur testamentaire et politique de Mirabeau. désarmé toute l'Europe; ils auraient rendu les émigrés ridicules, et ils auraient maintenu la paix de la France.

« Les autres puissances étaient si peu liées, si peu disposées à agir de concert, qu'avec un peu de politique on n'avait rien à craindre. Voila ce que disait le parti modéré, et je crois qu’il avait raison.

« Brissot et Dumouriez ne pensaient pas ainsi. Brissot élait si violent, que je lui ai entendu proposer de déguiser quelques soldats en uhlans autrichiens, et de leur faire faire une attaque nocturne sur quelques villages français ; à cette nouvelle, on aurait fait une motion à l'Assemblée législative, et on aurait emporté un décret de guerre

d'enthousiasme. » (Et. Dumonr, Souvenirs sur Mirabeau, ete., p.410.)