Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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question, comme toutes celles de parti, est posée sans grand égard pour la vérité et avec plus d'envie d’injurier que d'éclaircir. Car, au fait, ce que les hommes gouvernants du pays aiment d’inelination, c’est leur propre pays, et ils aiment d'autant plus sincèrement que l'existence de ce pays est leur ouvrage, le prix de leur sang et celui de leurs longs travaux politiques. Les désorganisateurs, au contraire, n'aiment qu’euxmêmes, leur ambition privée et leurs vues d'intérêt personnel. Mais ils ne composent qu'une faible minorité du pays, et s’il fallait prendre au pied de la lettre le titre d'amis des Français qu’ils se donnent et celui d'amis des Anglais qu’ils prêtent aux partisans du gouvernement, ce calcul fournirait encore une grande majorité d'hommes dont linclination serait pour PAngleterre. Mais c’est trop longtemps chercher les dispositions de PAmérique dans ses préjugés ou ses habitudes; c'est dans ses intérêts qu’il faut puiser des connaissances plus sûres. Ce guide, qui partout détermine les hommes, en Amérique est plus écouté que partout ailleurs, parce que dans ce pays-là l'affaire de tout le monde, sans aucune exception, est d'augmenter sa fortune. Ainsi, l'argent est le seul culte universel ; la quantité qu'on en possède est la seule mesure de toutes les distinctions.

Il serait donc déraisonnable de chercher ailleurs que dans l’éntérét la cause déterminante de toutes les volontés politiques, et, par conséquent, du penchant réel en faveur de l'Angleterre.