Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LORD LANSDOWNE. 443

agréables? Eh bien, il faut ne pas savoir ce que c'est que la vanité d’un peuple nouveau, encore embarrassé de son maintien dans le monde politique, — il faut ne pas connaître les Américains pour douter de l’effet général produit sur le pays par des moyens si simples. Les Américains seraient flattés: et le jour où ils seraient flattés, ils seraient ramenés.— Il y a deux ans que le prince Édouard! a passé à Boston et y a été à un bal; cette année, on disait encore avec reconnaissance qu'il n'avait pas refusé l'invitation qu’il avait reçue; on parlait de sa bonté, de son affabilité. La femme qui a dansé avec lui, de joie, d'embarras, de respect, s’est trouvée mal et a euune attaque denerfs après sa contredanse. — Si lord Wycombe* a oublié combien il est resté dans les différentes villes d'Amérique où il a été, et le nom des personnes chez qui il a dîné ou pris du thé, je serai fort en état de le lui dire; car on a note de cela ici; c’est sur le registre des familles. — A quelques lieues de Boston, j'ai été chez un homme qui avait des chevaux qui avaient appartenu au prince Édouard, et qui en tirait beaucoup plus de vanité que de service : — et mille autres faits, tous aussi petits, et par cela même plus probants. — Je finis en concluant que les Américains resteront indépendants, qu'ils seront utiles à l'Angleterre plus qu'aucune autre puissance, et que cette utilité augmentera en proportion de ce que le gouvernement anglais perdra des formes de

1 Le père de la reine Victoria, impératrice des Indes. 3 L'un des fils du destinataire de cette lettre.