Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

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semble à la nôtre dans le commencement de la guerre d'Amérique ; elle fournit même de l'argent, des armes et toutes sortes de munitions, seulement avec plus de magnificence et d'activité. M. Pitt compte beaucoup sur notre mauvaise position pour réparer les malheurs de VPInde; ce n’est pas sans quelque raison qu’il espère aliéner de nous toute la nation anglaise par l’appât d'un commerce exclusif. Il faut donc tâcher de prévenir cette intrigue ministérielle en envoyant Sainte-Foy. Il se tiendra facilement au courant des relations anglaises et prussiennes : on peut savoir beaucoup par l'intérieur de la duchesse d’York dont l’influence sur son père sera longtemps assez grande, et en se concertant avec l'opposition, on déjouera M. Pitt plus facilement qu'on ne pense. Il faut qu'il ait la disposition de quelque argent, et je lui donnerai des lettres de créance fort utiles pour C. Fox et Sheridan, qui ont en moi une entière confiance.

Quant à la Prusse, voici ce qu’il faut faire. Heymann est autant à nous que jamais; je n'ai entretenu aucune correspondance directe avec lui, mais je suis sûr que ses propos ont été sages et sa conduite excellente; on Va veillé en Prusse et on a vu qu'il n'avait aucune communication d’affaires avec la France. Le Roi, depuis longtemps, le regarde comme un homme tout à lui, et personne ne peut plus tenir dans sa main tous les entours illuminés et corrüptibles du Roi’. Il n’y a que

! Voir l'Histoire secrète de la cour de Berlin, par Mrrareau.

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