Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 21

pour son oncle Lindorff, vilain queux qui a beaucoup d'influence sur elle et qui aime l'argent mieux que tout; il en faut pour mademoiselle de Lindnau, maîtresse de Bischoffswerder qui le gouverne tout à fait, il en faudra pour le ministre Wôhiner, garçon illuminé de Bischoffswerder qui, quand il le faut, fait parler le Saint-Esprit et marcher l'ombre du grand Frédéric; il faut ensuite ménager et payer quelques intrigants subalternes tels que Riede, sa femme et un valet de chambre, secrétaire intime du Roi, qui signe pour lui, qui s'appelle Dufour, ne peut rien, mais sait tout. Il est important de ne pas regarder à l'argent, de ne pas craindre d’être un peu volé pourvu qu'on réussisse, et d'assurer une fortune considérable à l’heureux négociateur sans le rechercher du tout sur sa comptabilité de corruption. I] faut d'ailleurs, si c'est Heymann, que le succès lui assure la place de ministre à Berlin sur la demande du Roi de Prusse".

Vous avez encore un autre moyen et un autre négociateur à employer à Berlin, c’est un M. de Jarry, maintenant adjudant général dans notre armée et ci-

! Ces conseils que Biron donne à Talleyrand, qui tous deux suivaient le plan de Mirabeau sur l’alliance avec l'Angleterre, ne rappellent guère la pensée du grand politique sur la façon de conclure une alliance avec la Prusse.

Nous lisons dans une lettre inédite adressée par Mirabeau au baron de Goltz, qui venait d’être nommé ministre de Prusse à Paris :

« Berlin, 4 octobre 1786.

« J'espère que la route ne vous paraîtra pas désagréable, et j'ose vous promettre du moins que vous serez annoncé chez nous comme vous mérilez de l'être, et que vous y porterez tout ce qu'il faut pour