Correspondance diplomatique de Talleyrand. La mission de Talleyrand à Londres, en 1792 : correspondance inédite de Talleyrand avec le département des affaires étrangéres le général Biron, etc.

A LONDRES. 23

habile, peut-être impraticable, peut-être excellent; le voici. Je voudrais que le Roi fit dire à l'Assemblée qu'il metun grand intérêt à s'assurer des intentions du Roi de Prusse et à l’assurer loyalement des siennes ; qu'il désirerait confier cette mission brièvement momentanée à un homme qu’il croit capable de la bien faire ; que cet homme a été membre de l’Assemblée constituante, et que le Roi prie l’Assemblée de décider si une commission qui n’est pas durable, que l’on ne peut appeler place ni emploi, qui n’a ni revenus ni avantages fixés, est comprise dans le décret qui exclut les membres de l’'Assemblée constituante de toute place à sa nomination. L'Assemblée a peur du Roi de Prusse et de la guerre; cette démarche doit lui plaire, et je ne serais pas étonné qu’elle décidât que le Roï peut employer ainsi un membre de lAssemblée constituante sans enfreindre le décret. Il faut alors me nommer, et, tandis que j'attaquerai le Roi de Prusse directement avec beaucoup d'avantages, je lattaquerai indirectement avec plus de succès encore, et vous aurez fait au décret une brèche qu'il vous sera facile d'agrandir autant que vous voudrez. Si l’Assemblée reluse, elle se rend pas mal responsable de l’événement; vous vous servez du premier moyen et vous nommez M. de Ricé, car, au fait, je n’en ai pas de meilleur à vous proposer.

Ne pensez pas à me faire venir pour rien concerter avec vous, cela devient plus impossible que jamais.

! Biron avait été élu député de la noblesse du Quercy, aux États généraux de 1789.