Correspondance inédite de La Fayette : lettres de prison, lettres d'exil (1793-1801)

360 GORRESPONDANCE DE LA FAYETTE

soit prochaine et complète, il faudrait que votre bien n’eût plus besoin de votre personne pour solder les intérêts dus à nos créanciers. Il serait un peu dur de continuer à être leur fermière; et si nous avons de quoi manger ailleurs, un arrangement avec eux sur cet objet me paraîtrait alors ce qu'il y aurait de mieux.

L'objet des recherches que je proposais à Dupont! a été mal compris : je ne pensais point à rendre cette lecture agréable ici, et je ne sais que trop combien elle déplairait à ceux qui souffrent là-bas. Mais comme on établit de plus en plus l'opinion que les hommes de la liberté ont troublé par ambition le bonheur dont jouissaient en France toutes les classes de la nation, j'aurais aimé que les circonstances de ce prétendu bonheur fussent consignées quelque part, pour que l’on n’oubliät pas la justice qui nous est due. Au reste, il me suflit que vous et ceux à qui vous en auriez parlé aient senti mes motifs, et je n’y pense plus.

Ce que vous me mandez de Félix me fait grand plaisir; il m'écrit qu’on ne l’a point employé à quelques copies dont je vous avais parlé. Quoique ce travail ne soit pas pressé, je voudrais que ce fût fait.

Pauline a beaucoup souffert d’aphtes à la bouche ; elle est mieux à présent; cette incommodité n’est que douloureuse, mais elle l’est excessivement.

Adieu, adieu, mon cher cœur; je vous demande pardon de vous avoir tant tourmentée, et je vous embrasse, ainsi que Virginie, de toute mon âme.

Le pauvre Georges, qui est bien triste, vous dit mille tendresses. Nous vous écrirons l’un et l’autre par le premier courrier.

1. Cf. la fin de la lettre XLVI, p. 353.