Cour d'appel de Lyon. Procès-verbal de l'audience solennelle de rentrée le 4 Novembre 1873. Camille Jordan

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« pas nos cœurs, il serait le plus grand de tous les « maux. Dites-vous bien que telle est en France l'im« mense majorité des amis de l’ordre, que, même après « qu'elle est décimée, il en reste partout assez pour « comprimer la horde impure qui a juré le pillage de « vos fortunes et l'assassinat de vos personnes. Imitons « ainsi l'infatigable constance des méchants. Persévé« rons à vouloir le triomphe des lois, à le vouloir avec « énergie ; croyons que la tyrannie cédera enfin à ce « long et unanime effort. »

Cet ouvrage fut traduit en plusieurs langues, car l'Europe entière suivait avec une curiosité étonnée les différentes phases de ce drame effrayant qui s'appelait la Révolution française.

Camille Jordan profita de son séjour en Allemagne pour étudier la langue et la littérature de ce pays. On comprend ce que dut éprouver une âme aussi religieuse, principalement nourrie de la littérature française du XVII siècle, et s’'échappant de cette fournaise révolutionnaire où de prétendus poètes composaient des idylles à côté de l'échafaud, quand elle se trouva tout à coup face à face avec l'épopée chrétienne de Klopsrock. Ce fut pour Camille comme une révélation, et à partir de ce jour il voua un véritable culte au poète fondateur de la littérature allemande. A Weimar, il fut en relation avec Gœthe, Wieland, Schiller, Herder, avec tous ces esprits éminents, avides de science, qui imprimaient alors à la race allemande un grand mouvement intellectuel. Il y retrouva aussi Mounier, qu'il