Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793

164 DANTON ÉMIGRÉ,

« Vous avez tout consommé par cela seul que vous avez dit aux peuples qui sont dans la Belgique, dans le pays de Liège surtout, par cela seul que vous leur avez dit: nous vous organisons comme nous. Vous leur avez donné l'assurance que vous accepteriez leur réunion s’ils vous la proposaient, Eh bien, aujourd’hui ils vous la proposent après avoir mürement délibéré; ils vous la proposent après avoir examiné ce qu’ils avaient à craindre et ce qu’ils avaient à espérer.

« Je dis que c’est en vain qu'on veut faire craindre de donner trop d’étendue à la République. Ses limites sont marquées par la nature... On nous menace: l'Angleterre, dit-on, se ligue et est sur le point de nous frapper : la liberté régnera chez ce peuple...

« Pouvez-vous maintenant hésiter d'ordonner cette réunion que la justice et l'humanité réclament? Il ne faut plus de rapport là où tout est connu, là où tout est épuisé. Ne vous y trompez pas, l’homme du peuple, le vrai cultivateur, dans la Belgique, veut la réunion, et je ne vous cilerai qu'un seul trait.

« Nous parümes à Namur dans l'assemblée des représentants provisoires; on avait induit les habitants des campagnes en erreur sur le sens du décret. Quand nous eûmes expliqué aux bons habitants de la campagne, à ces vertueux cultivateurs, à ces véritables hommes de la patrie et de la liberté, qu'ils avaient tous le pouvoir de voter, ils sentirent que l'expulsion ne frappait que les ennemis de votre liberté, ils applaudirent à votre sagesse, et demandèrent l’exécution de votre décret du 15.

« Il y a plus, et tel est l'effet de l’abolition des droits féodaux sur les peuples, des perceptions établies par le despotisme; telle est cette influence, que nous avons été obligés de donner une force armée pour garantir le receveur des anciennes impositions, des restitutions que le peuple exigeait, des anciens impôts qu'il payait pour la tyrannie. Hé bien! sont-ils murs, ces hommes-là ? entendent-ils leurs intérêts ?

« L'intérêt des peuples c’est de n’être pas foulés, c’est de ne rien faire pour la tyrannie: s'ils sentent pro-