Danton
DANTON s7
celle que j'avais avant la Révolution. Cependant, comme je ne doute pas que tu n’aimes et ne serves ton pays de bonne foi, je dois te le dire, j'ai souvent gémi de ton extrême crédulité et de la facilité avec laquelle, d’après les bavardages de quelques imbéciles, ou les insinuations perfides de quelques intrigants, tu parais croire au crime, en te voyant presque continuellement fatiguer et troubler la Convention par le récit de prétendues conspirations, qui ne sont que le fruit de ton imagination trop facile à alarmer ou le résultat des combinaisons les plus atroces. Je ne te parle pas sans raison; je sais quels sont les projets des deux charlatans dont je t’ai parlé; mais je connais aussi leur lâcheté, et ils n’ont point assez de courage pour m'attaquer : ils ne l’oseraient ! — Crois-moi, Robespierre, secoue l'intrigue, réunis-toi avec les patriotes, marchons tous de bonne foi, sur la même ligne; oublions nos ressentiments, pour ne voir que la patrie, ses besoins et ses dangers; imitons nos frères d’armes qui combattent aux frontières : serrons-nous, et nos ennemis du dehors seront bientôt vaincus et soumis ; à l'égard de ceux du