Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée
US que, préposa au maintien de l’ordre et à la sûreté de la capitale.
Ce cercueil dérobe à nos regards la dépouille mortelle du brave général Pajol, enlevé à l’illustre famille parmi laquelle il avait trouvé la compagne la plus dévouée, à ses deux fils qui sont dignes du nom qu’il leur laisse, enlevé à la France entière qui aime les hommes tels que lui, à ses nombreux amis qui le pleurent sincèrement, après un cruel accident, à la suite d’une douloureuse maladie dont il n’espéra point la guérison, et dont il vit approcher le terme avec la résignation d’un soldat et le calme d’un honnête homme.
« Ah! du moins, disait-il sur son lit de douleur, si c'était un boulet qui m’eût brisé les os, j'aurais été favorisé œ ’s . . , . jusqu'à la fin de ma vie, elle se scrait éteinte pour le service de la France, il ne me resterait à demander à Dieu que sa clémence , et ma vieillesse n’eût rien envié à mes jeunes ans. » s
Messieurs, l'âme du général Pajol se révèle, se peint tout entière dans ce peu de mots qu’il m’adressa quelques heures avant de mourir, et qui reflètent les nobles impressions , les sentiments vrais du guerrier intrépide et du citoyen dévoué à son pays. Ah! combien ces paroles de Pajol expirant et presque les dernières qu’il ait prononcées, nous ont pénétrés d’amertume et de regrets, nous qui avions compté les cicatrices dont son corps ctait couvert, nous qui connäissions l’histoire de ses hauts faits par celle de ses mutilations. En effet, il n’est presque point de champ de bataille, en Russie, en Allemagne, en Italie, où son sang n'ait coulé. L’asile des Invalides s’est ouvert souvent pour de moins graves blessures que celles dont son grand cœur lui donnait la force de ne se point souvenir, Ainsi l’a voulu