Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée
n’a point à en souffrir autaut qu’on paraît le croire; ni autant qu'on le dit; le pays et la nation en retirent de grands avantages.
Pendant la durée de la longue paix continentale dont nous avons joui, dont nous jouissons, et dont nous jouirons encore longtemps, je l’espère, le remplacement s’introduisant de plus en plus dans nos mœurs, a pris, il est vrai, une très-grande extension ; il ne faut point s'en inquiéter; car si la paix propage et multiplie le remplacement, la guerre le restreint et le réduit,
En effet, plus s'accroît l'effectif de l’armée, plus décroît le nombre des dispensés, qui seuls peuvent remplacer; car pour servir à la place d’un autre, il faut être, vous le savez, ou libéré des appels, ou libéré du service actif ; les remplacants se trouvent donc dans l’excédant des hommes non appelés sur les jeunes soldats incorporés; ils ne se trouvent pas ailleurs ; et plus on appelle de monde, moins il ya d’excédant; c’est ce qui explique comment les remplacants sont si peu nombreux à l’époque des grandes crises, et pourquoi ils disparaissent presque entièrement des grandes armées et pendant les longues guerres.
Que l’on cesse donc de s’effrayer du grand nombre de remplaçants qui figurent dans nos rangs; que l’on né craigne point que leur présence puisse altérer la nationalité de notre armée. Nous pouvons l’affirmer , sans crainte d’être démenti par aucun chef de corps, les remplaçants sont d'aussi bons Français et d’aussi bons soldats que les autres; ils l'ont prouvé dans nos dernières guerres ; ils le prouvent tous les jours en Afrique.
Vous n’avez pas oublié la défense opiniâtre de Maza-
gran par une poignée de soldats disciplinaires, dont les trois quarts étaient des remplaçants.