Discours de M. le général Cubières, pair de France, ancien ministre de la guerre, membre du Comité d'infanterie : recueillis et précédés d'une notice historique par un officier de l'ancienne armée
la mer; là une fosse avait été ereuste, le colonel Cubières s'en approcha et, posant la main sur le cercueil qu'on se préparait à enfouir, il prononca, d’une voix émue et pénétrante, les paroles qui suivent et dont nous ne saurions mieux rendrejl’effet qu’en témoignant des larmes que nous avons vues couler autour de celui qui parlait si bien à l’âme de son auditoire.
Messieurs ,
Un événement déplorable nous a réunis dans ce triste lieu.
Louis Messin , sous-lieutenant de la 1re compagnie des grenadiers du 278 régiment , à qui nous venons rendre les derniers devoirs, était un brave et ancien militaire, un estimable officier, Il avait pris part à de sanglants combats, à des guerres périlleuses ; il obtint l4 décoration comme sous-officier dans les rangs de l’ancienne armée française: ce mot à lui seul constitue un éloge. Il eût mé rité de tomber sur un champ de bataille le jour d’une victoire , celui qui affronta si souvent les coups de l’ennemi.
Votre chef, qui est aussi votre camarade, a voulu se rendre ici l'interprète de vos regrets; ils ne seront point stériles, Messieurs , si devant cette fosse qu’on vient d’ouvrir et qui va se refermer , si en présence de ce corps à peine refroidi nous ramenons sur nous-mêmes les sombres, mais utiles pensées que leur aspect fait naître, si chacun
de nous reconnaît de quel poids on se sent oppressé alors que la Providence permet aux hommes de voir s’accomplir l’œuvre de leur colère ; mais je lis sur vos visages ce qui ce passe en vous... Celui qui succombe alors n’est pas le seul à plaindre. Parmi tant de douleurs qu’inspire le trépas affronté et donné pour de si futiles motifs, la plus profonde ; la plus amère, eroyez-le bien, Messieurs ,