Ferdinand IV et le duc d'Orléans : Palerme, 9-17 Mars 1813

FÉRDINAND 1V ET LE DUC D'ORLÉANS 20

ministre, Elle se contente de répéter les mêmes arguments, de s’en tenir aux mêmes moyens que lord William Bentinck a déjà déclaré plusieurs fois qu'il ne trouvait pas satisfaisants, et que, par conséquent, le résultat de cette note sera, selon moi, qu'il dira à Votre Majesté : qu'Elle persiste dans ses évasions el qu'il procédera aux hostilités. Et je ne suis pas celui qui portera la note qui les fera éclater. Je supplie Votre Majesté de m'en dispenser.

— Mais je ne veux pas de ces hostilités, savez-vous? Je n'en veux pas du tout.

— Il faudrait que Votre Majesté eût perdu la raison pour en vouloir. Mais si pourtant Elle ne veut pas adopter les seules mesures par lesquelles Elle puisse les arrêter, les hostilités arriveront tout comme si Elle voulait les faire arriver. Et que Votre Majesté y prenne bien garde. Une fois qu'il y aura eu des hostilités, adieu tous les traités par lesquels l'Angleterre est liée à vous. Elle n'aura plus rien à observer envers vous que les lois de la guerre. Vous serez traité en vaincu, et la Sicile en conquête.

— Eh! cela n’est que trop clair: croyez-vous que je ne l’entends pas comme vous ?

— Mais, Sire, si Votre Majesté l'entend, il me semble que Votre Majesté doit empêcher les hostilités de commencer, à quelque prix que ce soit. Sire, Je sais qu'on à beaucoup dit à Votre Majesté que l'Angleterre voulait s'emparer de la Sicile ; moi, j'en doute beaucoup, et je trouve clair que jusqu'à présent elle ne l’a pas voulu. Mais si Votre Majesté lui résiste, ou si, en ayant l'air de céder, Elle ne cède pas réellement, alors, de deux choses, l’une : ou Elle fournira à l’Angleterre de bons prétextes pour se justifier de prendre la Sicile, si tel est son désir, ou, au moins, Elle oblige l’Angleterre à le faire, même contre son gré si elle ne s’en soucie pas: car il est évident que l'Angleterre veut qu'on fasse sa volonté en Sicile, et il est certain que ni Votre Majesté, ni personne, ne pourra plus régner en Sicile que par la permission de l'Angleterre.

— Eh! cela, je le comprends tout comme vous.

— Eh bien! si Votre Majesté le comprend, qu'Elle agisse en conséquence, qu'Elle prenne pour règle de sa conduite