Garat 1762-1823

182 GARAT.

Le temps marchait, le 9 thermidor arriva, passa même, mais les portes des prisons de Rouen ne s’ouvraient pas pour cela. On retardait à Rouen, on n'agissait qu'avec une trop prudente et trop administrative lenteur, puisqu'un malheureux gentilhomme des environs de Gournay, détenu comme suspect à Saint-Yon, fut condamné et exécuté le 11 thermidor, deux jours après cette date qui aurait dû faire rendre à la liberté tous les prisonniers. La municipalité ne pouvait se décider à lâcher les siens, craignant toujours un revirement politique. Il le fallut pourtant et le 4 fructidor an IT, le Comité de Sûreté générale auquel la chute de Robespierre avait causé plus d'étonnement que de joie', prit un arrêté par lequel le citoyen Garat serait élargi et les scellés levés à son domicile. Notre musicien sort donc de prison le 8, comme en témoigne le registre d'écrou, et non le 42, comme on pourrait le croire. Mais

il quitte la maison de détention plus endetté que

1. « L’enthousiasme rouennais est si lent à se déboutonner que les membres de la Commune furent plusieurs jours à se ressaisir, histoire sans doute de voir de quel côté tournerait la girouette politique ». (J. Noury, Les petits spectacles de Rouen, 1180-1830, ouv. cit.)