Garat 1762-1823

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qui y était entré comme acteur sous le nom de Dubreuil, et un de ses compatriotes, M. Goffreteau de la Gorce, gentilhomme bordelais qui y remplissait le rôle de souffleur‘. À Hambourg, Garat se fit fréquemment entendre et, accueilli à merveille, il obtint des succès, qui lui rappelaient ceux de jadis, à côté de Rode dont la délicatesse exquise d'archet, le goût et la justesse de style n'étaient pas moins appréciés. Il y patronna le tout jeune violoniste Lafond qui, âgé de douze ans à peine, se faisait déjà remarquer par l’excessive justesse de ses intonations et son extraordinaire dextérité. Ce rare prodige, virtuose émérite, ne se contentait pas de son archet; en entendant chanter Garat, il apprit à chanter et à dire des airs et des romances françaises, que l’on applaudissait à tout rompre, enthousiasmé par l'expression qu'il y mettait.

Là-bas, dans les brumes de la mer du Nord, notre habitué de Trianon rencontra nombre de ses anciennes connaissances ; d’abord, une Bordelaise que, comme compatriote, il fut heureux de

1. H. Forneron, Histoire générale des émigrés, t. 1, p. 316, ouv. cit.