Garat 1762-1823
GARAT. 3141
égyptien de la fin du Directoire ou du Consulat, esquissant le pas du schall qu'elle dansait comme pas une, en toilette de linon, avec ses blonds cheveux sur lesquels floltaient des guirlandes de tendres fleurs mauves — des nuances, rien que des nuances — attirant les regards à côté de mesdames Hainguerlot, Récamier, Hamelin et Canisy, qu'elle faisait un instant oublier. C’est elle qui servit de modèle à madame de Staël ? qui nous la peint sous le nom de Delphine et nous la montre dansant ce même pas du schall qui ravissait tant nos pères. Il aurait fallu la voir alors rasant Le sol, semblant pour ainsi dire suspendue entre ciel et terre. C'était bien elle, la Walkyrie des pays embrumés, des régions à demi sauvages dans lesquels elle était née et avait passé sa libre enfance. Elle est bien la fleur poétique et fatale de cette campagne de Kosse en Livonie, aux lacs sinueux ombragés de bouleaux frémissants, de sapins verts, de sorbiers dont les fruits piquent d'une note rouge ces paysages
pâlis et décolorés. Rien ne faisait présager alors
1. Madame de Staël, Delphine.