Garat 1762-1823
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vrai, sur lequel il était juste et naturel de fonder les plus légitimes espérances. De ce jour, il fut un maître, un maître incontestable, et tout de suite incontesté.
I ne fut bientôt plus question dans Paris que de Garat', de ce jeune Bordelais arrivé par le coche et échappé de la basoche, passant pour ignorer jusqu'aux premiers éléments de la musique, qui chantait avec un goût exquis, une sûreté étourdissante et dont la voix de ténor, d’une flexibilité sans égale, ravissait tous ceux qui avaient la chance de l'entendre.
Son nom était dans toutes les bouches. On racontait sur lui des faits extraordinaires. On s’extasiait sur sa prodigieuse mémoire lui permettant de chanter un opéra d’un bout à l’autre, depuis l'ouverture jusqu'à l'air final, avec la même facilité qu'un autre chanteur eût mise à
dire une ariette, de retenir avec la même aisance,
1. « Nous avons depuis quelque temps un jeune homme dont le talent est un de ces phénomènes extraordinaires qui tiennent à la réunion la plus heureuse des différents dons de la nature. Son nom est M. Garat, fils d’un célèbre avocat au parlement de Bordeaux. Il est à peine âgé de vingt ans. » Correspondance lilléraire, philosophique et crilique, adressée à un souverain d'Allemagne, par Grimm et Diderot, février 1184.
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