Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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opposition aux mesures les plus sages, qui devaient exaspérer les esprits et entraîner la majorité de l’Assemblée constituante à des exagérations funestes au bien de l'État... ; j'ai dû me faire un plan de conduite analogue à mes principes, analogue à mon caractère, analogue à mes devoirs et à mon profond attachement pour le roi. Ce plan de conduite, qui devait exprimer à la fois mon amour pour la liberté, pour la réforme des monstrueux abus qui environnaient la législation et l'administration française... .ce plan, qui devait exprimer aussi mon dévouement à la monarchie, mon respect pour les propriétés, mon horreur de linjustice, ce plan, dis-je, ne pouvait être suivi sans difficulté et sans constance. Il m'attirait des blâmes de toutes parts. J'ai toujours eu pour soutien ma conscience, appuyée sur un entier dégagement de tout intérêt personnel (1).. »

Ce dernier mot résume la vie des deux dues : « dégagement de tout intérêt personnel. » Ils servaient des idées et ils servaient le peuple; ils ne se servaient pas eux-mêmes. Jamais les préjugés de caste n'eurent - prise sur eux ; — ils combattaient pour le bien public, non pour « le cordon bleu ».

Un jour, Liancourt crayonna le quatrain suivant :

Grands, gardez-vous d’injurier Le petit peuple en vos caprices ;

(1) Fragments de mémoires du duc de la RochefoucauldLiancourt sur sa vie politique, faisant suite à sa vie publiée par son fils, pages 104-105.