Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

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alors : transformer la royauté, l’accommoder aux exigences de la souveraineté du peuple, tentative qui certes n'était point d'une âme vulgaire et qui, en tous cas, avait besoin d’être faite, ne füt-ce que pour enseigner aux générations à venir l'inanité de son

objet. [

Aussi bien ce grand constructeur royaliste n’est pas le premier de sa race qui ait marqué dans l’histoire de la monarchie. Celle-ci nous montre une certaine Catherine de Clermont-Tonnerre qui n’y fit pasmince figure ; femme de cap et d'épée dispersant, à 19 ans, la lance au poing, une horde de pillards égarée sur ses terres, gouvernante des enfants de France sous Catherine de Médicis, femme savante, poète, mathématicienne, orateur, haranguant au nom de Charles [Xen termes magnifiques les ambassadeurs polonais venus à Paris solliciter le duc d’Anjou d'être leur roi.

Un autre Clermont, évêque de Noyon, avait été fort en évidence à la cour de Louis XIV. Dans un temps où la vanité était presque une vertu civique, où elle n’était pas encore en tout cas une marque de sottise, celle du prélat dama le pion à toutes les autres. Ce fut lui qui, couché sur son lit demort, s’écria : «Seigneur, ayez pitié de ma grandeur ! » Un mauvais plaisant Pavait célébré dans cette épitaphe, destinée à orner son tombeau :

Ci-git qui repose humblement, De quoi toutle monde s'étonne,