Gentilshommes démocrates : le vicomte de Noailles, les deux La Rochefoucauld, Clermont-Tonnerre, le comte de Castellane, le comte de Virieu

CLERMONT-TONNERRE 133

prouvant que son attitude politique aux États généraux ne fut pas une attitude de hasard :

1° Au moment de la Révolution, il est notoirement connu depuis longtemps « pour ses principes libéraux et pour ses idées de réforme ». Où les avait-il puisés ? Était-ce au Royal-Navarre, dont il était colonel en second? Les régiments ne voyaient pas souvent leurs chefs. — Était-ce sous le toit d'Anne de Lentilhac, sa mère, Lorraine par le sang? À cet égard nous n'avons aucunes données. Clermont-Tonnerre, tout jeune alors, avait vraisemblablement subi la loi des jeunes, cette loi qui les entraîne vers une idée, pour peu qu’elle ait la marque de la générosité. Comme il possédait le don naturel de l’éloquence, ses mots, ses aphorismes avaient dû vibrer au milieu de la société parisienne, fort bien préparée d’ailleurs à les entendre.

2 Son oncle a pu être maltraité, menacé de mort, assiégé dans l’hôtel de son commandement à Grenoble, non seulement par des citadins, mais encore par les gens de la campagne (1) accourus à la rescousse ; d’autres auraient pris peur et se seraient jetés dans la réaction ; lui reste quand même fidèle à la démocratie. Seules, les convictions raisonnées inspirent ces sang-froids.

(1) Ceux-ci, attirés aux pieds des remparts par l'appel incessant du tocsin, les avaient escaladés et, s’étant trouvés à la hauteur des fenêtres du commandement, criblées de coups de fusils, avaient pénétré dans l’intérieur, et, quelques-uns d’entre eux avaient même levé la hache sur la tête du duc de Clermont-Tonnerre. (Le centenaire de l'assemblée de Vizille, par Albert Duboys, p. 13. Lyon, imprimerie Magin-Rusand, 1888.

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