Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LES IDÉES DE GOUVERNEUR MORRIS SUR LA FRANCE 1

La Fayette et Rochambeau, étaient venus combattre, à côté des Américains, dans la guerre de l'Indépendance. Toutes les

ortes, tous les salons lui étaient ouverts à Paris et à Versailles. Il en profita largement. C'est en toute sincérité qu'au bout de quelques jours il écrivait à M. de Moustier, ministre de France en Amérique depuis la fin de 1587: « Plus je vois Paris et plus je sens tout ce que vous avez sacrifié en le quittant pour lraverser un grand Océan et pour vous établir chez un peuple encore trop nouveau pour goûter cette sociélé qui fait ici le charme de la vie!. » En parcourant le Journal, pour les années 1789, r7g0et 1791 on voit que la plupartdes journées de Morris sont consacrées à des visites ; il est rare qu'ilne dine pas en ville, ou parfois au cabaret en bonne et aimable compagnie. Parfois ce sont deux ou trois salons qu'il visite de suite ; on le voit souvent à ces soupers qui étaient si fort à la mode.

Il se plaît et s’acclimale vite dans ce milieu mondain, se familiarisant avec notre langue. Ce n'est pas que le luxe l'éblouisse; 1l le trouve souvent médiocre et le comfort insuffisant. Le 3 mars chez la comtesse de Beauharnais, où il est invité à diner à trois heures, il arrive à trois heures et quart. Personne encore, on allume un feu qui se met à fumer. « Pour chasser la fumée on ouvre une fenêtre et, la journée étant froide, je jouis d'autant d'air frais qu'on peut raisonnablement en espérer dans une grande ville. Vers quatre heures les convives arrivent et je commence à soupçonner que, Madame étant une poélesse, j'aurai l'avantage de diner avec cette excellente partie de l’espèce qui se consacre au culte des Muses... Vers cinq heures Madame entre pour annoncer le diner et les poètes affamés avancent à la charge. Comme ils apportent un bon appétit, ils ont certainement une raison sufisante pour louer le festin, et je me console en pensant que cette fois au moins j'éviterai toute indigestion. J'y échappe à peine, car certain beurre rance que le cuisinier avait mis très libéralement me remplit de crainte. Si le repas n'est pas abondant la conversalion ne manque pas?. » Au commen-

ï, T. L' PRO SNP Epr3r