Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET 169
et à l’un des ministres de chacun des autres cultes dans les comités de surveillance scolaire (art. XVIT). — Mais, pour bien saisir le caractère vraiment libéral des lois de 1833 et de 1836, au point de vue de la conscience, il n’y a qu'à lire la circulaire, rédigée par M. de Rémusat et adressée par Guizot à tous les instituteurs. Elle se terminait ainsi :
« La foi dans la Providence, la sainteté du devoir, la sou« mission paternelle, le respect dû aux lois, aux princes, aux « droits de tous, tels sont les sentiments qu'il s’attachera « à développer..…, jamais, par des paroles de haine et de « vengeance, 1l ne les disposera à ces préventions aveugles « qui créent, pour ainsi dire, des nations ennemies au sein « de la même nation! ». — Aïnsi le ministre exhortait les maitres d'école à maintenir la paix et la concorde dans son école, afin de préparer une ère de tolérance dans les générations à venir. Les lois de 1833 et de 1836 sur l'instruction primaire permettaient aux écoles privées — qui étaient la plupart tenues par des congréganistes — non seulement de subsister, mais encore de se développer à côté des écoles publiques, à des conditions faciles à réaliser ; en outre, elle assurait, dans l’école publique elle-même, le respect de la religion, sous la forme des cultes choisis par les familles. Elles appliquaient donc, dans sa plénitude, le principe de la liberté de conscience, sans sacrifier les droits de haute surveillance de l'État.
Aussi furent-elles accueillies avec satisfaction par tous les partis, même par les plus exigeants. La Société pour l'encouragement de l'instruction primaire, fondée en 1829 par des membres des deux confessions protestantes, profita des facilités que donnait la loi de 1833 pour développer ses écoles et fonder deux écoles normales.
Pendant la période où nous sommes arrivé (1830-35), le gouvernement se vit amené à user des pouvoirs que lui donnait la loi contre deux associations qu'il avait d’abord
1. V. circulaire Guizot sur la loi de 1833, et Guizot, Mémoires, III, 76.