Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
SOUS LA MONARCIIIE DE JUILLET 183
1°" mars et du 6 juin 1842). Enfin, les journaux catholiques, l'Ami de la Religion, l'Univers catholique, renchérirent sur les attaques des évêques et dénoncèrent dix-huit professeurs, appartenant la plupart à l’enseignement supérieur, comme ennemis de la famille et de la religion". Ces attaques firent une certaine impression sur le ministre, Villemain, qui eut la faiblesse de suspendre le cours de M. Ferrari, professeur à Strasbourg, accusé par les catholiques de l'endroit d’avoir enseigné le communisme. L'enquête, faite après coup, révéla qu'il avait tout simplement exposé les théories sociales de Platon. En 1843, les articles de L. Veuillot, qui avait repris des mains de Lamennais, devenu schismatique, la plume de champion de l’ultramontanisme et les pamphlets des ecclésiastiques redoublèrent de violence. L'abbé Combalot les dépassa tous. Dans son Mémoire à consulter adressé aux évéques de France, après avoir stigmatisé l'Université, il conseillait aux évêques, non seulement de retirer les aumôniers de tous les collèges royaux pour les discréditer, mais encore de défendre aux curés d'admettre à la première communion et à la Pâque les élèves catholiques des collèges et, chose incroyable ! il se rencontra des évêques, un archevêque même pour approuver un tel langage *.
Pour l'honneur du clergé français, un certain nombre d’ecclésiastiques défendirent la cause de la liberté d’enseignement avec plus de mesure ; ainsi, La Tour d'Auvergne, évêque d'Arras, recommanda à son clergé de « rester étranger à des mesures que la véritable sagesse ne dictait pas » (14 janvier 1844). M‘ Affre, dans ses Observations à propos de la controverse sur la liberté de l’enseignement, déclina toute solidarité avec des alliés qui avaient une « manière si peu chrétienne de défendre le christianisme », mais, tout en rendant
1. Au nom de Jouffroy, il faut ajouter ceux de Victor Cousin, Gatien Arnould (Toulouse), Ferrari (Strasbourg), Francisque Bouillier, Lerminier, Michelet, Michel-Chevallier, Edgar Quinet, J. Simon.
2. L'évèque de Ghâlons fut de ce chef déféré comme d’abus au Conseil d'Etat, pour avoir menacé de retirer les aumôniers des collèges de son diocèse ; l'abbé Combalot fut condamné à 19 jours de prison,