Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870
34 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE
les matières de controverse : &« Monsieur, j'ai remarqué en « vous, écrivait-il à Chaude, tant de franchise dans la conver-
« sation que nous avons eue ensemble, que j'ai toujours espéré
A
« depuis, que Dieu se servirait de vous pour quelque grand
« bien. Du moins, tiens-je pour certain, que vous prendrez
A
plaisir à dire de notre doctrine ce qui en est, quand vous « la verrez nettement expliquée. »
L'émulation produite par la prédication, nourrie de textes bibliques, des ministres Réformés ne fut pas étrangère au beau réveil de la science et de la mission populaire et au rétablissement de la discipline catholique, qui marqua les vingt-cinq premières années du règne de Louis XIII. Cette époque vit, en effet, la naissance de la congrégation de l'Oratoire, la fondation des prêtres de la Mission ou Lazaristes et la réforme du clergé séculier par M. Bourdoise.
Les travaux des professeurs des A adémies proteslantes de Saumur, de Montauban, de Sedan piquaient d'émulation les théologiens catholiques. Par exemple, les Pères Berbat et Marin, de l'Oratoire, en visite chez Louis Cappel, lorientaliste de Saumur, l'encouragèrent à publier sa grammaire hébraïque ‘et réciproquement le savant professeur de Saumur eut pour disciples l'abbé Masclef, l'abbé Houbigant et POratorien Richard Simon, qui à été appelé à bon droit. le « père de la critique biblique. » Ce dernier soutenait des relations amicales avec des Juifs, tels que Jonas Salvador, qui Pintéressa à la revision du procès de Raphaël Lévy, et avec des Réformés (parmi lesquels le ministre Claude et Frémont d'Ablancourt), il travailla même à une version de la Bible
avec les derniers pasteurs de Charenton. Ainsi, les théolo-
1. C'est grâce à l'appui du P. Pctau, du P. Morin et du P. Mersenne que la Critica Saëra de L. Cappel, suspecte d'hérésie aux yeux des stricts Calvinistes, fut publiée en 1650. En revanche, quand l’Æéstoire critique du Vieux-Testament par R. Simon fut signalée par Bossuet comme périlleuse pour l'orthodoxie catholique el l'édition presque anéantie par ordre de Louis XIV, ce furent les protestants qui la réimprimèrent en Hollande (+. art. Sabatier : Æevue internationale de l'enseignement, 15 novembre 189).