Histoire de la théophilanthropie : étude historique et critique : suivi d'une notice sur les catholiques allemands

DE LA THÉOPHILANTHROPIE. 3

celui de la piété, de la charité, de la concorde et dela tolérance. Le prétexte de la religion n’a fait verser que trop de sang. Ce code apprendra aux hommes qu’il leur est facile de s’accorder et qu'ils s'accordent réellement sur les principes essentiels de la religion et de la morale, et que quelques différences dans les opinions et dans les usages ne doivent pas rompre les liens de fraternité que l’auteur de la nature a établis entre tous ses enfants. »

Ainsi parlaient les fondateurs de la Théophilanthropie, dans Pintroduction du Manuel, sorte de catéchisme théophilanthropique, sur lequel nous aurons à revenir bientôt. On voit par les citations que nous en avons faites, que les théophilanthroges se proposaient moins de fonder une religion nouvelle, que de dégager le fond commun de toutes celles qui existent déjà, que de saisir et de réunir ce. qui, dans chaque religion, est en harmonie avec ce double principe : l'amour de Dieu et l'amour du prochain. A leurs yeux, la religion qui devait être le produit dutravail syncrétique qu'ils allaient accomplir, ne serait pas quelque chose de nouveau. Partant d’une notion historique évidemment fausse, ils pensaient que l'humanité avait débuté par une religion analogue, au moins dans son fond, à la Théophilanthropie, et c’est la religion primitive de l'humanité qu’ils se flattaient d'avoir retrouvée et de restituer au monde.

Une question qu’on se pose, après avoir lu l'introduction du Manuel, est la suivante : Les théophilanthropes se proposaientils de fonder une véritable Église, rivale de celles qui existaient autour d'eux et appelée, dans leur esprit du moins, à les remplacer? ou bien leurs vœux ne se bornaient-ils pas à jeter les bases d’une vaste société, dans laquelle les membres des diverses Églises pourraient se réunir sur un terrain commun, autour de ces deux grands principes : l'amour de Dieu et l'amour du prochain? D'une part la modération, le respect même avec lesquels les auteurs du Manuel parlent souvent des Églises chrétiennes pourraient donner à croire que la Théophilanthropie n’entendait pas se poser en face d'elles en ennemie ou en rivale, et qu’elle n’a voulu être, qu’elle n’a été qu’une sorte de fusion ou de fédé-