Histoire du blocus hermétique de la Suisse, pour faire suite à l'histoire du blocus continental : lettre à Lord Parmerston...

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mes mains le registre original de vos exportations , et crois me rappeler d’y avoir constaté le fait ci-dessus dont peu de gens se doutent. Prenez la peine, Milord, d'y relever le montant de ce que reçoit de vous la Suisse en lainages, cotons filés, fers bruts ou œuvrés, machines, denrées coloniales , thés , etc., ete. ; vous vous convaincrez qu’eu égard au nombre de leurs consommateurs, nos vingt-deux Cantons sont , en réalité, le meilleur de vos marchés sur le continent européen. Et permettez-moi d’ajouter que ce marché mérite d’autant plus la protection spéciale de la Grande-Bretagne, qu’il est le seul où l’on se soit abstenu d’élever contre son industrie perfectionnée, ce qu'on appelle si pompeusement des droits protecteurs. Nous avons des douanes sans tarifs, et vos produits manufacturés les traversent sans être seulement déballés pour s’informer s’ils consistent en fers ou en porcelaines.

Et dans ses rêves de prépotence, un ministre français, encore neuf aux affaires, s’était mis dans l'esprit qu’il lui suffirait d’un trait de plume, pour fermer à vos manufactures Paccès du port franc de la Suisse ! Il s’était figuré que vous et vos collègues pousseriez les égards jusqu’à souscrire à son nouveau droit public de blocus territoriaux, sans vous apercevoir que sa tendance inévitable eût été de livrer le commerce libre de PEurope à la merci du premier administrateur assez insensé pour ne pas craindre de le garrotter, ou assez libéral pour se flatter de vider ainsi sans guerres les griefs de peuple à peuple ! Il en était venu jusqu’à croire que PEtat qui avait si énergiquement déjoué le blocus continental acquiescerait complaisamment à celui de la Suisse, qui n'aurait été que la petite pièce de la grande ! Connaissait-il donc assez peu votre histoire pour ne pas comprendre que ceux