Historiens et marchands d'histoire : notes critiques sur des récents : La duchesse de Chevreuse ; La Tour du Pin ; Les vainqueurs de la Bastille ; Les discours de Danton ; Les volontaires nationaux ; Dumouriez ; Le général Dours, Stanislas Fréron ; Hohenlinden ; Le duc d'Enghien ; Duroe ; Étiene de Laclos ; Napoléon et le monde dramatique ; Madame de Genlis ; Delphine de Custine ; Le Brulard de Stendal ; A la barre de l'histoire ; La jeunesse de Louis-Philippe ; La guerre de 1870

A LA BARRE DE L'HISTOIRE 287

VI

La dernière étude du volume traite de Didier, le conspirateur de Grenoble, le révolté de 1816. Elle a pour titre Héros ou brigand. Titre encore inexact. Aux yeux de l’auteur, Didier est plutôt un héros: Didier, dit M. Frager à la fin de son étude, mourut « héroïque martyr de ses illusions ». Mais Didier ne fut ni héros ni brigand. Sa tentative a été un acte de désespoir, Pacte d'un homme qui veut conquérir honneurs et richesses par un coup de force.

Nous ne voyons pas, au reste, dans l'étude de M. Frager, comment Didier a été amené à son entreprise. On ne nous dit pas qu’il avait d’abord acclamé !la première Restauration et qu'il se tourna contre les Bourbons parce qu'il n’avait pas obtenu d’eux une place au Conseil d’état ou à la Cour de cassation. On ne nous dit pas qu’il accueillit le retour de Napoléon avec enthousiasme et sa chute avec douleur, qu'après les Cent Jours il était aux abois, dans une extrême détresse, et qu'il n’avait plus d’autre ressource que l’aventure où il se jeta.

Faut-il relever encore des erreurs, des lacunes ?

L'auteur ignore que Didier fut directeur, puis doyen de l'Ecole de droit.