Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 291

« Paris, mai 1792.

« Nous vous destinons un logement à trois portes de chez nous, rue de La Harpe, à l'hôtel du Berri ou au Bœuf couronné. Je me rappellerai longtemps que lors de la fuite du roi, le peuple qui faisait effacer son portrait ou son nom sur toutes les enseignes, comprit dans cette étrange proscription celle de l'hôtel du Berri.

« Où done Mlle D... a-t-elle vu qu'il y avait du danger à voyager aujourd'hui? Elle a rêvé cela près de son feu. Je te prie de n’en rien croire. Paris est plus tranquille que jamais; d'ailleurs quand il y aurait quelque trouble, je puis t'assurer qu'il n’y à nul péril à redouter. Les piques du faubourg de la Liberté et les baïonnettes de la garde nationale tiennent bien des gens en respect. »

Pendant que M. et Mme Géraud font leurs préparatifs de départ, Edmond continue à les tenir au courant des événements qui se passent à Paris.

En dépit des affirmations optimistes du jeune homme, dans la capitale comme en provincè, la situation devenait de plus en plus troublée; l'inquiétude régnait partout, ce n'étaient que soupçons, arrestations, délations.

La question religieuse en particulier restait toujours en suspens et agitait vivement les esprits. Les prêtres insermentés parcouraient les départements et provoquaient des agitations continuelles.