Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

292 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

M. Géraud écrit à ses fils :

« Nos prêtres réfractaires, dont le nombre se grossit à un point effrayant par ceux des départements voisins, travaillent et égarent les femmes. Le peuple indigné se serait déjà porté contre eux aux dernières violences sans l'extrême prudence des autorités constituées; mais la fermentation est telle qu'à chaque instant nous craignons de voir notre tranquillité compromise. »

Le veto opposé par le Roi au décret contre les prêtres avait empêché de mettre à exécution les mesures de rigueur projetées; mais la situation devenait telle, dans certaines provinces, que l'on y réclamait de nouveau, impérieusement, une intervention Pets de l'État.

«€ On attend impatiemment le décret sur les prêtres, écrit M. Géraud le 22 avril. Le peuple ici est furieux contre les réfractaires. Trois de ces boute-feux furent arrêtés ces jours-ci et mis en état d'arrestation pour les soustraire à la lanterne. »

François de Neufchâteau fut chargé de rédiger un rapport sur la situation et sur les mesures qu'il conviendrait de prendre pour apporter un remède à ces agitations religieuses qui désolaient les provinces. Notre étudiant écrit à sa famille :

« 1 mai 4799.

« J'assistai, l'autre jour, à une séance de l’Assemblée nationale, où j'entendis la lecture d’un long rapport