Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 995

pleines de personnages inconnus, mais particulièrement de prêtres réfractaires échappés de leurs départements. L'on pense que la municipalité ne tardera pas à prendre quelque grande mesure de police : au reste la surveillance est extrême. Il paraît certain qu'on a résolu de travailler la garde nationale et les troupes du centre; il s’est glissé parmi elles une foule de mauvais sujets qui lèveront le masque dès que le grand jour sera arrivé. Hier l’un d'eux, plus imprudent que les autres, s’avisa de crier dans les Tuileries au milieu d’un groupe : Vive Le Roi! Vive la Reine! À bas l'Assemblée nationale! On a eu toute la peine imaginable à l’arracher à la lanterne. Il a été conduit dans la maison de police correctionnelle.

« Que cettelégère effervescence desespritsne retarde pas votre départ : encore une fois il n'y a d’exposés à Paris que ceux qui veulent bien l'être. »

Au milieu de cette agitation, les dons patriotiques continuaient à affluer à l'Assemblée :

« Cette sainte fureur, qui marque bien l'esprit publie, écrit une contemporaine, est tellement soutenue, qu'il pleut de l'or, je n’exagère pas. Hier, un Bordelais a posésur l’Autel de la Patrie 56 000 livres en espèces sonnantes ; ettous les jours le bureau en est couvert! »

Edmond et John voulurent naturellement apporter, eux aussi, leur modeste obole, et ils déposèrent sur le

1. Journal d'une Bourgeoïse.